Pourquoi et comment adapter le yoga aux rondeurs ?

Bien-être en conscience
© D.R.

Par Claire Castagne, professeur de Hatha yoga spécialisée dans les formes voluptueuses et formatrice de profs, du blog yogaronde.fr

 

Avez-vous déjà entendu parler du yoga adapté aux rondeurs ? Sur Instagram fleurissent les # yoga plus size, yoga pour tous les corps ou encore yoga for bigger boddies…

Alors, s’agit-il d’un phénomène marketing ou d’une réelle nécessité d’adaptation aux corps gros ?

Pratiquer le yoga quand on a des formes généreuses

Être en surpoids ou en situation d’obésité, c’est déjà un sacré obstacle dans la vie de tous les jours. Affronter le regard et les commentaires des autres, se sentir légitime à exister dans des situations simples comme : manger en public, se mettre en maillot de bain ou arriver dégoulinant au travail parce qu’on a plus vite chaud…

Et quand il s’agit de yoga, pour un peu qu’on ait Instagram (moi, obsédée par les réseaux sociaux ? Jamais !), on pense qu’il faut être mince et souple pour pouvoir faire du yoga !
Je n’exagère pas, il te suffit de poser la question à vos amis qui n’ont jamais fait de yoga : pourquoi ?

Donc, il y a ces préjugés sur le type de corps qu’il faudrait pour pratiquer. 
Et aussi une réalité : les cours de yoga sont encore peuplés en majorité de personnes minces et sportives. Se retrouver seul gros n’est pas facile. 
Je pense que c’est un peu le même schéma pour les hommes : le yoga restant encore très féminin, les messieurs n’apprécient pas d’être en minorité voire le seul homme dans le cours.

Puis, si la personne ronde ose tout de même franchir la porte de son premier cours de yoga, elle risque de rencontrer plusieurs problèmes.

Si jamais elle n’est pas sportive et en fort surpoids voire en situation d’obésité, il se peut qu’elle ait du mal à suivre le rythme d’un cours intense comme un vinyasa ou un ashtanga.
A noter que ça peut aussi être valable pour un débutant mince, qui sera découragé pour la même raison !

Et si le professeur enseigne les postures traditionnelles comme Halasana, la charrue, ou Ardha-matsyendrasana, la torsion assise sans donner d’options… notre jeune yogi en formes va vite se sentir compressé par le ventre, les cuisses ou encore la poitrine si c’est une yogini 

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Enseigner un yoga adapté à tous les corps

C’est pourquoi j’incite les élèves à apprendre par eux-mêmes des adaptations, mais aussi je forme les professeurs à adapter leurs cours.

En effet, il est rare que le sujet soit abordé dans les formations de professeur de yoga. 200 heures, ça passe très vite et il y a déjà les postures, la respiration, la philosophie, l’anatomie et le sanskrit à aborder ! Sans parler de la pédagogie, le fait de pouvoir vivre de son activité et j’en passe. Pour les femmes enceintes, c’est pareil : on nous donne souvent deux ou trois conseils mais lorsqu’on débute notre enseignement, on se retrouve vite démuni si on ne va pas creuser le sujet de son côté !

Pour les élèves en situation d’obésité, c’est pareil : ça demande un apprentissage et des adaptations. Adaptations qui profiteront tout autant aux débutants ou aux personnes raides !
Saviez-vous qu’en 2030, un Français sur huit sera concerné par l’obésité ?
Et aujourd’hui, plus d’un Européen sur deux est en surpoids… ça vaut quand même le coup de prendre en compte la moitié de la population dans nos cours ! 
Et c’est un puissant levier pour inciter toutes ces personnes qui n’ont jamais osé pratiquer à venir en cours de yoga, et les fidéliser.

Alors, cette mode du yoga adapté aux rondeurs venue des Etats-Unis il y a une dizaine d’année est, selon moi, bien plus qu’une mode : une nécessité !

Mieux comprendre les causes et les conséquences du surpoids et de l’obésité, c’est aussi arrêter de stigmatiser ces personnes. 
Nous sommes tous grossophobes, à des degrés différents car c’est une composante tellement ancrée dans la société ! L’autre jour en coaching, une personne en situation d’obésité me confiait juger elle-même sévèrement d’autres personnes en surpoids. 
C’est le premier pas de le reconnaître pour s’en détacher. Vous le savez parfaitement, vous qui pratiquez le yoga et la méditation : laisser passer les pensées comme des nuages… Nous ne sommes pas nos pensées !

Alors, le sujet du surpoids ne vous intéressera peut-être pas autant que moi, mais que votre dada ce soit les seniors, les enfants ou tout autre public, nous savons que la racine du mot « yoga » est « yuj », le joug qui réunit…

Le corps, sa forme ou ses pathologies ne devrait jamais être un obstacle à la pratique du yoga.
 

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Qu'en pensez-vous ?

 

Claire

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